Avion d’occasion : ce qu’il faut savoir

Avion d’occasion : ce qu’il faut savoir

Avion d’occasion : ce qu’il faut savoir

Vue du cockpit de l'Elixir au dessus de la campagne

Pourquoi acheter un avion d’occasion ?

Que vous veniez d’obtenir votre PPL ou que vous ayez déjà des centaines ou des milliers d’heures de vol à votre actif, acheter votre propre avion représente pour beaucoup d’entre vous un rêve qui peut se transformer en réalité. Que vous ayez décidé de vous tourner vers le marché de l’occasion pour des raisons financières ou tout simplement parce que l’avion de vos rêves n’est plus produit, acheter un avion d’occasion doit être mûrement préparé en amont.

Avant d’aller plus loin, assurez-vous d’avoir déterminé vos besoins, cela impactera le type d’avion que vous rechercherez ainsi que ses équipements. Comme nous l’avons déjà évoqué, à quoi bon acheter un avion 4 places si vous ne volerez à 4 qu’une seule fois par an ? Privilégiez un avion plus petit et louez-en un plus gros pour les occasions spéciales, votre portefeuille vous en sera reconnaissant ! Vous ne savez pas dans quoi vous vous embarquez ? Jetez un œil à notre article sur l’achat d’un avion pour vous préparer au mieux.

Comment acheter un avion d’occasion ?

Vous pouvez acheter votre avion auprès d’un particulier ou d’un professionnel.

Dans les 2 cas, vous retrouverez l’ensemble de leurs offres sur des sites de petites annonces aéronautique, dans lesquelles des informations comme l’année de construction de l’avion, sa version, les heures moteur / hélice, les heures de la cellule ou encore les équipements installés à bord sont listés.

Passer par un professionnel vous reviendra généralement plus cher en termes de coûts d’acquisition, mais vous aurez l’avantage de passer par quelqu’un qui est habitué à accompagner les acheteurs dans leur recherche.

Acheter votre avion d’occasion auprès d’un particulier vous permettra d’économiser un peu, mais gardez à l’esprit que vous devrez être d’autant plus rigoureux lorsqu’il sera question du contrôle de l’état de l’avion et de ses documents.

Avantages de l’achat d’un avion d’occasion

  • Vous êtes propriétaire de votre avion à moindre prix
  • Vous contribuez à faire voler un avion parfois ancien, ce qui contribue à maintenir en état de vol le patrimoine aéronautique français
  • Vous pourrez trouver le même avion que celui avec lequel vos parents ou grands-parents ont appris à voler
  • Si vous êtes bricoleur et que vous avez du temps, vous ne trouverez rien de plus satisfaisant que d’effectuer vous-même une partie de la maintenance puis de vous envoler à bord de cet avion que vous bichonnez. Les seules limites seront vos compétences et le temps que vous aurez à consacrer à votre avion.

Inconvénients de l’achat d’un avion d’occasion

  • Des normes de sécurité anciennes (pas de décrochage sain, entre autres)
  • Des coûts d’opération plus élevés (consommation plus haute, maintenance complexe, pièces détachées plus rares…)
  • Des travaux de mise à niveau onéreux
  • Pas de possibilités de personnalisation
  • Un service client parfois inexistant

Combien coûte réellement un avion d’occasion ?

Acheter un avion d’occasion, c’est avant avoir l’embarras du choix (toutes proportions gardées…). En fonction des critères que vous aurez déterminé en amont, la gamme de prix correspondant à ce que vous cherchez pourra varier. Voici quelques exemples d’annonces que nous avons trouvé avec des prix sous les 50.000€. Cela peut paraître attractif à première vue, mais vous verrez plus bas que ça n’est pas aussi simple que ça sur le long terme.

  • Avion de 1978 : 20.000€
  • Avion de 1970 : 34.000€
  • Avion de 1969 : 50.000€
  • Avion de 1988 : 37.500€
  • Avion de 1972 : 25.000€

En augmentant votre budget, vous aurez accès à des avions plus récents, plus gros ou mieux équipés. Attention toutefois à ne pas prendre votre décision d’achat sur le seul coût d’acquisition ! Si on prend pour exemple l’annonce concernant le l’avion de 1972 annoncé à 25.000€, il convient de se pencher sur la description de l’annonce :

« Cellule : 23 000 heures et 750 h depuis dernière RG Moteur : 2 790 h, 10h de potentiel restant Hélice : 740 h Radio 8.33 / Transpondeur mode S / Garmin G500 / Freins à disque »

En décortiquant cette description on y apprend les choses suivantes :

  • La cellule compte 23.000 heures de vol, dont 750 depuis la dernière révision générale (RG)
  • Avec 2790 heures, le moteur est quasiment arrivé à bout de potentiel ! Il ne lui reste que 10h, ce qui n’est pas suffisant pour effectuer vos 12 heures annuelles minimum. C’est le potentiel quasiment épuisé du moteur qui explique le prix attractif de l’avion. En plus des 25.000€ demandés par le vendeur, il faudra donc ajouter un nouveau moteur qui vous coûtera plusieurs dizaines de milliers d’euros.
  • L’hélice en est à 740h, le potentiel de l’hélice étant généralement calé sur celui du moteur, attendez-vous à une facture un peu plus salée.

Cette annonce est un bel exemple d’avion dont le coût d’acquisition est attractif, mais qui vous demandera un investissement supplémentaire afin de le maintenir en état de vol. Avant d’acquérir un avion d’occasion, ne vous posez pas la question de savoir si vous pouvez vous le payer, mais si vous pourrez le faire voler. D’où l’importance de bien étudier les coûts d’opération en amont de votre achat. Nous verrons plus bas en détail les points à surveiller avant votre acquisition.

Afin d’obtenir le meilleur aperçu du coût de revient de votre avion, pensez avant tout aux coûts d’exploitation sur le long terme. Prenons ici un exemple sur 20 ans, en partant du principe que vous volez beaucoup (400h/an) :

  • Avion d’occasion A : Coût d’acquisition : 25.000€ / Coûts d’opération (essence + maintenance) : 130€/h
  • Coûts d’exploitation sur 20 ans : 1.065.000€
  • Avion d’occasion B : Coût d’acquisition : 80.000€ / Coûts d’opération (essence + maintenance) : 100€/h
  • Coûts d’exploitation sur 20 ans : 880.000€

Le résultat est édifiant : malgré un tarif affiché plus de 3 fois plus élevé que l’avion A, l’avion B vous coûtera 185.000€ de moins sur 20 ans, grâce à un coût d’opération moins élevé. Vous l’aurez compris, il est toujours préférable de se tourner vers un avion qui vous coûtera certes plus cher à l’acquisition, mais qui sera bien plus économique sur le long terme ! En résumé, ne prenez pas votre décision sur le coût d’acquisition !

Pensez également à la revente, car il est rare de garder un avion toute sa vie. Si l’on part du principe qu’un avion dont les coûts d’acquisition sont plus élevés est plus récent et mieux équipé, cela vous permettra d’en tirer un meilleur prix lors de la revente. Comme nous l’avons déjà vu, il y a des avions dont la cote reste plus stable que d’autres avec le temps, en particulier les avions en composites.

Vue du cockpit de l'Elixir en finale

Les bon réflexes à adopter avant d’acheter un avion d’occasion

  • Volez avant d’acheter : cela peut vous paraître évident, mais essayer l’avion que vous achèterez peut-être doit être une OBLIGATION pour vous. En plus de bien contrôler l’état des systèmes, vous aurez également un aperçu de son comportement, du retour des commandes de vol, de la visibilité et de bien d’autres paramètres en conditions réelles. Et puis, cela vous permet de lier l’utile à l’agréable… Idéalement, préparez à l’avance une check-list des points que vous aimeriez aborder, en fonction de ce qui compte le plus pour vous : maniabilité à basses vitesses, taux de montée, distance de décollage, facilité du roulage au sol, ergonomie de l’avionique…
  • Une inspection en profondeur : un contrôle des systèmes de l’avion doit être conduit, idéalement avec le carnet de bord à l’appui.
  • Entourez-vous : acheter un avion, et plus spécialement un avion d’occasion n’est pas toujours une mince affaire. Si vous manquez de connaissances techniques, demandez l’avis de quelqu’un d’autre qui s’y connaît et idéalement que cette personne vous accompagne lors de vos « visites ». Des professionnels spécialisés dans le conseil avant acquisition sont également à votre disposition, ils ont l’habitude de contrôler chaque avion qui vous intéresse point par point avant de vous donner le feu vert pour passer à l’achat. Ils ne manqueront pas de vous signaler des points qui demanderont des investissements supplémentaires ainsi voire même de vous déconseiller l’achat d’un avion.
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Voici quelques points à surveiller (la liste est non exhaustive) :

  • La cellule : Le pire ennemi d’un avion d’occasion sera dans le cas du métal la corrosion et dans le cas du bois et toile le pourrissement. Faite bien attention, ces problèmes sont souvent invisibles à l’œil nu car caché au milieu de millier de pièces. Il n’est pas rare d’entendre des histoires d’avions envoyés à la casse pour de la corrosion découverte sur un longeron lors d’une grande visite
  • Le potentiel moteur : un moteur d’avion est toujours accompagné d’un potentiel d’utilisation fourni par son fabriquant. C’est un chiffre qui peut être mis à jour par ce dernier afin d’augmenter son potentiel, le plus souvent lorsqu’il s’agit d’un nouveau modèle de moteur pas encore éprouvé. C’est l’exemple des premiers moteurs Rotax 912iS qui étaient à leur sortie donnés pour un potentiel de 600h, qui a évolué avec le temps et les retours d’expérience pour arriver aujourd’hui à 2000h. Le nombre d’heures moteur ainsi que le potentiel restant de ce dernier est souvent un des premiers paramètres évoqués dans les annonces d’avions à vendre. Comme nous l’avons vu, un potentiel moteur presque épuisé implique une nouvelle révision ou un remplacement et donc des dépenses supplémentaires.
  • Le potentiel de l’hélice : comme les moteurs, les hélices n’ont pas une durée de vie illimitée. Leur potentiel est la plupart du temps lié à celui du moteur, il conviendra donc de se pencher sur le potentiel de ces 2 éléments qui sont très liés l’un à l’autre. En fonction du type d’hélice (bipale, tripale, pas fixe ou pas variable…), le potentiel pourra également varier.
  • L’équipement installé : cela peut paraître évident, mais l’équipement installé dans l’avion qui vous intéresse pourra réellement faire la différence. En effet, certaines directives des autorités telles que l’utilisation d’une radio 8.33Khz ou d’un transpondeur mode S pourront impacter votre future acquisition, en fonction de ce que vous souhaitez en faire. Si ces équipements sont déjà installés à bord, c’est une dépense que vous n’aurez pas à faire après votre achat (bien que le prix de l’avion soit bien évidemment impacté par la présence de ces équipements). Un avion qui a subi un rétrofit (une mise à jour de ses équipements) est également le signe que son propriétaire lui a porté une attention particulière, ce qui est plutôt bon signe. La présence d’équipements comme un glass cockpit ou un pilote automatique est également un plus et peuvent souvent faire varier la valeur d’un avion du simple au double. Enfin, gardez à l’esprit qu’un vieil équipement est généralement plus coûteux à entretenir : un avion bien équipé, avec un équipement récent est certes plus cher à l’acquisition, mais il vous coûtera moins cher sur le long terme (rappelez-vous de l’importance des coûts d’opération).
  • Airworthiness directives : plus communément appelées « AD », elles sont les recommandations exprimées par les autorités de sécurité (l’AESA en Europe) concernant la mise en conformité d’un modèle d’avion certifié. Elles peuvent concerner n’importe quelle partie de ce dernier, que ce soit au niveau du moteur ou de la cellule. Pensez à vérifier si ces directives sont à effectuer périodiquement, ou si elles ne nécessitent qu’une seule intervention comme le changement d’une pièce. Parfois, les AD introduisent une durée de vie sur une pièce qui n’y était à l’origine pas sujette. Dans tous les cas, munissez-vous de la liste des AD liée à l’avion qui vous intéresse et vérifiez sur le carnet de l’avion si elles ont bien été suivies. C’est un aspect important car il en va de votre sécurité !

Un Elixir sur un aérodrome quelque part dans le massif central

Voici quelques exemples d’AD publiées :

Notez que certains AD publiés par l’AESA (lien) peuvent avoir pour source son équivalent outre-Atlantique, la FAA. Il n’est donc pas rare que vous retrouviez des documents générés par cette dernière sur le site de l’AESA, plus particulièrement lorsqu’il est question d’avions ou de pièces d’origine américaine.

  • Historique des accidents : à moins que vous n’achetiez un avion accidenté en vue de le restaurer pour le faire voler à nouveau, il sera intéressant de vous renseigner sur les incidents ou accidents dans lesquels l’avion qui vous intéresse a été impliqué. Cela vous permettra d’en savoir plus sur d’éventuelles pièces à surveiller mais également de mieux cerner le profil du vendeur. Si ce dernier joue la carte de la transparence et vous fournit l’historique de son appareil, il marquera sans doute des points dans le capital confiance que vous pourrez lui accorder ! Vous retrouverez cet historique dans les livrets de l’aéronef.
  • Peinture et intérieur : vous parcourez les petites annonces, et là vous tombez sur un avion qui paraît tout droit sorti d’usine malgré ses 50 ans. En premier lieu vous pourrez penser que ses propriétaires successifs l’ont bichonné et vous êtes convaincu que vous venez de trouver la perle rare. C’est peut-être le cas, mais il va falloir le vérifier avec une inspection méticuleuse ! Une nouvelle peinture ou un intérieur refait à neuf peut parfois masquer les traces que le temps aura laissé sur cette cellule sortie d’usine il y a un demi-siècle. Votre pire ennemi : la corrosion. Prenez bien le temps d’inspecter l’appareil sous tous les angles. Une peinture et un intérieur neuf peuvent donner une vraie plus-value (mais surtout un gros coup de jeune) à un avion d’occasion, mais il ne faut pas hésiter à regarder ce qui pourrait se cacher en dessous.
  • Disponibilité et prix des pièces détachées : vous le savez déjà, il existe pléthore de modèles d’avions qui ne sont plus produits aujourd’hui, et qui nécessitent un apport en pièces détachées conséquent pour pouvoir continuer de voler. Encore une fois, posez-vous la question de combien il vous en coûtera pour faire voler cet avion qui vous fait tant rêver. Vous réfugier vers des avions très répandus ne vous fera pas forcément faire des économies : la demande du marché en pièces détachées étant plus importante, les prix se verront tirés vers le haut. Si un constructeur assure toujours le suivi de navigabilité de l’avion en question, renseignez-vous également sur les délais qui sont parfois prohibitifs. Le fait que la sécurité de l’aviation soit gérée à l’échelle européenne vous permettra de fournir en pièces détachées dans d’autres pays européens et d’économiser du temps lorsque viendra le moment de remplacer une pièce. C’est une raison de plus pour bien préparer votre achat et de connaître en détail les pièces les plus susceptibles de nécessiter un remplacement sur le court terme. N’hésitez pas à vous renseigner auprès d’ateliers de maintenance, de propriétaires privés ou d’aéroclubs déjà utilisateurs de l’avion en question.

Pour que votre achat se déroule dans les meilleures conditions, voici une liste de documents auxquels vous référer lors de votre inspection avant achat :

  • Airworthiness certificate (le document qui établit que l’avion est certifié, lorsque c’est le type d’avion qui vous intéresse)
  • Engine logbook (carnet de suivi du moteur)
  • Airframe logbook (carnet de suivi de la cellule)
  • Liste des équipements présents à bord
  • Devis de masse et centrage
  • Manuel de vol de l’avion

Pour finir, il ne vous manquera plus qu’à passer par la case « paperasse » et paiement et cet avion sera à vous ! Jetez un œil sur les sites du RSA ou de l’OSAC si vous avez besoin de plus d’informations concernant les formalités administratives.

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